Caractéristique matérielle : Dans les hauteurs du Mercantour, deux frères cèdent aux tentations les plus viles afin de fuir leur condition et leur destin tout tracé de bergers.Chez les Vitali, propriétaires de l'auberge les Granges Neuves, le travail est une valeur fondamentale. Leurs jeunes fils, Boniface et Adrien, sont contraints de partir sur les hauteurs du Mercantour, où ils apprennent le dur métier de berger : la solitude, le froid et le salaire de misère.De retour après des semaines de transhumance, les garçons, révoltés, conscients d'avoir été exploités, quittent la maison avec un grand désir de revanche. Ils commettent de menus larcins puis des délits plus graves, sur les conseils d'Eugène Baille, contrebandier et paysan qui leur fait miroiter un eldorado au-delà des montagnes...Un roman sombre et puissant.Tous les romans de Jean Siccardi parus aux Presses de la Cité - Le Bois des Malines, Les Roses rouges de décembre, Le Bâtisseur de chapelles, Le Moulin de Siagne, Un parfum de rose, La Cour de récré et Les Hauts de Cabrières - sont autant d'hommages à un Sud méconnu.Extrait du livre :Antoine Vitali réchauffait ses vieux os sur un banc face aux brumes infinies qui berçaient les Granges Neuves. Le vent enveloppait les pâturages pentus et filait en roucoulant vers les vallées. Dans un souffle de lassitude et de bonheur mélangés, l'homme s'adossa à la pierre polie par la forme de ses épaules voûtées. Une rosée abondante dégoulinait des hautes herbes et irisait les chardons de cristaux. Le printemps s'éveillait lentement et chassait les plaques de glace. Les premiers rayons dardaient une tiédeur rassurante. La journée offrait des promesses de volupté. Antoine redécouvrait à chaque saison les roches moutonnées du Mercantour, les bastions, les pilastres, les chapelles, l'ombre des sanctuaires aux carrefours des sentiers.La nature explosait avec violence et proclamait sa rudesse. Buis et ronciers s'entremêlaient dans la nudité minérale. Les orages martelaient une sourde volonté céleste. Le Baus de la Frema, la Tête du Brec, le mont Archas... Chacun de ces sommets résonnait de mille prières dont l'écho retentissait au-delà de l'Italie. Ils portaient en eux la tradition. Les majestueux mélèzes au ramage élancé, les pins cembro, les cluses dépouillées, le roulis des cascades, les courbes gracieuses des combes... Le doigt de Dieu avait construit un ensemble cohérent, harmonieux : un miroir de l'âme. Le montagnard savait par coeur les dentelles de Tavels arrondies par les névés, les escarpements brisés de la Tête des Bresses, le Boréon engourdi dans les nuées automnales, les lichens imprégnant les pélites sanguines, le pourpre des myrtilliers. Il s'amusait de l'humeur tressautante du niverolle, admirait le regard précieux du hibou grand duc, le vol planant du gypaète barbu, le piqué de la buse variable... A chaque saison Antoine s'étonnait de ce don hérité d'une terre dont l'éclat n'a d'égal que la fragilité., Dimension : 14 x 22 cm,