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Promené de famille en famille à la suite d'une amnésie provoquée par la grande guerre, Gaston, devenu riche malgré lui grâce à ses arriérés de pension, retrouve par étapes dix-huit ans plus tard chez les Renaud des moments de sa vie antérieure. Seulement, plus les révélations s'accumulent jusqu'à la découverte ultime, plus le divorce s'accuse entre l'être qu'il fut et l'être dont il avait rêvé.

C'est avec beaucoup de bonne volonté de part et d'autre, que notre couple de Français très moyens rate toutes les occasions de vivre heureux leur vie à deux. BINET a réalisé pour cet album une dizaine de pages inédites afin de parfaire la continuité entre ses histoires courtes parues épisodiquement dans Fluide Glacial. Ceux qui oseront se reconnaître dans cet ouvrage ne sont pas obligés de lever le doigt, car, une fois de plus, l'humour caustique de BINET nous atteint aux points les plus délicats de notre sensibilité. Un chef-d’oeuvre d'humour à visage humain.

Ils forment un couple de Français si moyens, que chacun y reconnaît instantanément tous ses proches - à défaut de s'y reconnaître soi-même. Dans ce nouvel ouvrage, BINET nous raconte le voyage dans un pays de l'Est (non précisé), que les Bidochon ont gagné au Grand Concours des Raviolis Patzani. Avec une ironie impitoyable, BINET a relevé tous les tics, tous les travers qui rendent un groupe de Français à l'étranger bien plus insupportable qu'un groupe d'étrangers en France (excepté des supporters anglais). Rien n'échappe à l'humour féroce de l'auteur : l'éternel rigolard gros mangeur, l'intoxiqué du Guide Bleu, l'amateur d'objets "typiques", sans oublier le malheureux guide indigène chargé d'apporter la Culture à ces indécrottables Français, ni l'indispensable organisateur qui organise ce voyage organisé. Un ouvrage à lire obligatoirement avant de partir en voyage (organisé ou non).

C'est le 4ème tome de cette grande fresque sociale de la seconde moitié du XXe siècle signée BINET. L'auteur nous a déjà relaté la rencontre des Bidochon (Roman d'Amour, tome 1), leurs vacances (tome 2), leur vie en HLM (tome 3) et nous décrit maintenant leur accession à la propriété d'un terrain et la construction de leur "maison, sucrée maison" (c'est ainsi que Bidochon dans sa candeur, a traduit "Home, sweet home"). Le scalpel acidulé de BINET continue à viviséquer ce couple modèle de Français très moyens, avec toutefois une certaine tendresse à l'égard de leurs rudes efforts pour se caser dans notre belle société. Un humour de très grande classe.